Principes généraux d’harmonie : parlons pédagogie
Voici quelques suggestions concernant l’enseignement de l’harmonie :
- Généralement, on présente les « règles » d’harmonie de façon très tranchée, en noir et blanc : évitez les octaves parallèles et les fausses relations, résolvez la sensible, etc. Ces normes primaires ne peuvent servir qu’au débutant. En pratique, l’effet harmonique dépend du contexte et le compositeur doit d’abord penser consistance. Ainsi, dans La Cathédrale Engloutie de Debussy, les quintes et octaves parallèles appartiennent à un univers consistant. En conséquence, elles ne sonnent jamais inappropriées. Une approche pédagogique efficace consiste à “graduer” les situations harmoniques en fonction de leur caractère plus ou moins audible. En mettant l’accent sur la gradation (par des échelles de dissonance ou d’accent, de modulation voisine ou éloignée, etc.), on développe chez l’étudiant une perception et un jugement musical pointus, des habiletés qu’il peut ensuite transférer, contrairement aux règles rigides, à divers contextes. Illustrons par un exemple :
Dans le cas “A”, en situation traditionnelle de polyphonie à quatre voix, les quintes parallèles entre les voix extrêmes sont flagrantes. En “B”, par contre, les quintes parallèles sont beaucoup moins audibles. Elles sont confiées aux voix internes et l’activité du soprano accapare l’attention. Dans un contexte d’homogénéité timbrale, on peut difficilement distinguer “B” de “C” qui présente pourtant la conduite des voix idéale.
- Chantons et jouons. L’harmonie repose sur un entraînement de l’oreille. Incitons l’étudiant à chanter chacune des parties pendant qu’il joue les autres.
- Expérimentons des solutions alternatives. Souvent, la réécriture d’un passage harmonique, en variant la conduite des voix et les cadences, débouche sur de belles découvertes.
- En tout temps, mettons l’accent sur les voix qui dominent. L’harmonie, ce monde admirable fait de tensions et de détentes, ne pratique pas la démocratie. Dans la plupart des situations, certaines notes contribuent davantage que d’autres à l’effet harmonique. Aussi, cultivons l’habitude d’identifier, dans les accords, quels sont les intervalles les plus riches en caractère.
- Malgré la pertinence d’entreprendre l’étude de l’harmonie avec des textures vocales à quatre voix (puisque l’homogénéité qui en résulte présente un honnête compromis entre la richesse du fondu et l’indépendance des lignes et puisque… tout le monde a une voix), il faut, éventuellement, migrer vers une écriture variant le nombre de voix et s’adressant tant au piano qu’à divers petits ensembles. De cette façon, on aborde l’interrelation fondamentale entre l’harmonie et l’orchestration.
Table des matières
- Quelques commentaires sur les différentes approches
- Les limites de notre discussion
- Une nouvelle façon de comprendre l’harmonie
- Une définition de l’harmonie
- Les intervalles
- Les Accords
- Les Progressions
Deux principes essentiels : cohérence et continuité
- Les limites de hauteurs et d’intervalles
- Quelques considérations linéaires : mélodie et ligne de basse ; conduite des voix
- Une parenthèse : systèmes harmoniques ouverts ou fermés ?
- Hiérarchisation et points de repère, cadences
Les principes de mouvement, d’intérêt et de variété
- L’accent harmonique : considérations générales
- Comment créer des élans et renouveler l’intérêt aux différents niveaux structurels
- Localement
- A des niveaux supérieurs
- Le rythme harmonique
- La modulation et la transition harmonique
Les transitions entre différents types d’harmonie
Harmonie et texture : l’importance de l’orchestration
- Étendue et registre
- Les doublures
- Le timbre
- L’harmonie à plans sonores multiples
Les critères d’évaluation d’une harmonisation