L’art orchestral – L’accompagnement orchestral

Quand on utilise l’orchestre pour accompagner un soliste (vocal ou instrumental), le principal défi consiste à utiliser pleinement l’orchestre sans noyer le soliste. Si l’orchestre se contente trop souvent de murmurer en arrière-plan, l’effet d’ensemble sera décevant.

Voici les principes de base de l’accompagnement orchestral :

  • Faites ressortir le soliste en utilisant, le plus possible, des effets de contraste, soit de timbre (par exemple, un solo de violon accompagné par les bois), de registre (un violoncelle accompagné par des cordes à l’aigu), ou de rythme (par exemple, un trait de soliste plus actif que l’accompagnement).

Concerto pour Piano : le piano utilise un registre évité par les autres instruments, qui comble le silence entre la flûte et les cordes graves. Ses notes sont également plus rapides.

(exemple du répertoire) Beethoven, Concerto pour Violon, 1er mouvement, mesure 102 et suivantes : un modeste ensemble de bois accompagne le violon dans son aigu.

  • Rendez l’orchestre transparent en aérant la texture par de fréquents silences, des basses pincées ou en staccato, et en confinant les notes tenues de l’accompagnement à des registres neutres ou faibles.

Concerto pour Violon : ici, le soliste émerge facilement. L’harmonie soutenue aux altos est dans un registre inférieur ; les accords au vibraphone ne sont pas tenus et sont placés dans un registre inférieur à celui du soliste. Le contrepoint de la clarinette, bien que dans le même registre que le solo de violon, est contrastant en couleur et ponctué par des silences. La basse est très légère : pizzicato au violoncelle

(exemple du répertoire) Prokofiev, Concerto pour Violon no. 2, 1er mouvement, mesure 171 et suivantes : remarquez, en plus des pizzicati aux cordes, les brefs silences aux bois et aux cordes graves.

  • Conservez la diversité et la fluidité de la relation entre l’orchestre et le soliste : alternez entre le dialogue et l’accompagnement mutuel.

Concerto pour Piano : le soliste dialogue d’abord avec les bois et le xylophone aigus. Cependant, à la deuxième occurrence, les cuivres poursuivent avec un contrepoint pendant la phrase du soliste. Le pizzicato accentue les attaques du piano à la mesure 316 et dynamise le contrepoint des cuivres qui suit.

  • Quand la puissance est requise, utilisez le soliste en alternance avec l’orchestre : curieusement, la confrontation semble alors opposer deux égaux.

Concerto pour Violon : le solo du violon est ponctué par des accords orchestraux solides, donnant l’impression qu’une bataille se livre entre le soliste et l’orchestre.

(exemple du répertoire) Beethoven, Concerto no 5, 1er mouvement, mesure 304 et suivantes.

  • Pour éviter une sonorité orchestrale maigre, enrichissez la texture en multipliant les plans sonores, même composé d’à peine quelques notes chacun.

Concerto pour Piano : un dialogue très aérien entre le piccolo et le piano est enrichi par de douces notes tenues aux violons. Le glockenspiel déclenche les notes tenues et attire l’attention sur elles.

(exemple du répertoire) Bizet, Carmen, 1er acte, Scène 1, “Andante un poco” (cinq mesures après la fin de l’ouverture chorale) : de brefs accords aux cordes (alternant le grave et l’aigu) s’ajoutent aux deux contrepoints qui accompagnent la voix : les violons en triolet à l’aigu et quelques bois jouant à la blanche. La sonorité offre la fois richesse et grande transparence.

  • Si le timbre du soliste n’apparaît pas à l’orchestre (par exemple, la voix humaine), on peut discrètement doubler la ligne du soliste. De telles doublures dérangent moins à l’octave qu’à l’unisson. Dans un opéra, les doublures à l’unisson sont relativement moins fréquentes, en partie parce que l’orchestre est dans la fosse alors que les voix sont sur la scène. Il vaut mieux ne pas doubler les fioritures complexes, ni les passages où la compréhension fine des mots est essentielle : les doublures obscurcissent les détails et submergent les consonnes nécessaires pour éclaircir le discours. (exemple du répertoire) Puccini, Tosca, 2e acte, Vissi d’arte : de doux accords aux cordes accompagnent la ligne vocale ; les 1er violons doublent la voix. Cependant, lorsque la voix a des notes répétées, les cordes sont simplifiées.