L’art orchestral – Annexe : quelques suggestions pédagogiques

EXEMPLES D’UN GLOSSAIRE DES CARACTÈRES

Il devrait paraître évident, à ce stade, que l’art orchestral doit exprimer et renforcer la forme musicale et le caractère. Pour amener l’étudiant à affiner son sens du caractère musical, un bon exercice consiste à bâtir un “glossaire des caractères”. Il faut alors dresser, pour un caractère donné, une liste de toutes les ressources orchestrales pouvant contribuer à rendre ce caractère. Même si on n’utilise pas, dans une situation donnée, toutes ces ressources, on habitue l’étudiant à faire des choix orchestraux en fonction du caractère visé.

Voici un exemple d’un tel glossaire.

DES EXERCICES PRÉSENTÉS SOUS FORME DE CROQUIS MUSICAUX

Une des difficultés de l’enseignement de l’orchestration réside dans le fait que la transcription d’œuvres existantes ne permet jamais à l’étudiant de créer, par lui-même, une texture orchestrale complète. Une solution possible, à mi-chemin entre la transcription et la composition, consiste à fournir un croquis (un “squelette”) que l’étudiant devra compléter, si possible en plusieurs versions. Ce croquis présente, pour une ou deux phrases, la mélodie et la ligne de basse, éventuellement chiffrée. L’étudiant doit décider où placer la mélodie et comment remplir l’harmonie ; il doit aussi imaginer un accompagnement approprié et complet.

L’APPRENTISSAGE À PARTIR DU RÉPERTOIRE

Il faut aborder l’étude du répertoire orchestral à partir d’exemples judicieusement gradués. Les œuvres d’orchestrateurs de génie, tels que Mahler et Ravel, avec leurs textures souvent riches et complexes, ne conviennent pas aux débutants.

On peut commencer, pertinemment, avec Mendelssohn : son orchestration est simple, classique, économique, et toujours efficace. Les lignes coulent bien et engendrent un équilibre sonore parfait ; les détails s’avèrent intéressants mais sans réelle complexité.

Tchaikovsky, en élargissant l’orchestre, représente l’étape suivante. Ici encore, l’orchestration reste simple, efficace et facile à comprendre.

Carmen, de Bizet, demeure une référence incontournable pour l’étude de l’orchestration avec des voix humaines.

Mozart, même s’il utilise un orchestre plus réduit que celui de Mendelssohn, crée des lignes plus complexes et plus raffinés. En conséquence, il faut l’étudier après, et non avant, Mendelssohn. Beethoven avance plusieurs nouvelles idées orchestrales ; bien comprises, elles accentueront grandement la sophistication de l’étudiant.

L’orchestration avancée débute avec Wagner, en particulier pour son utilisation des familles orchestrales élargies et pour sa façon de considérer la richesse polyphonique à l’orchestre comme normale.

Après avoir bien assimilé ces différents modèles, l’étudiant est prêt à aborder les styles orchestraux plus complexes de Ravel, Mahler, Strauss, etc. Les techniques instrumentales étendues du XXe siècle peuvent être utiles, mais en appliquant les principes énumérés ici.

DES ÉCHELLES DE CONTRASTE

L’utilisation “d’échelles auditives” graduées enrichit la pédagogie de toutes les disciplines musicales. Selon cette méthode, l’étudiant doit mesurer, en terme d’intensité, l’effet sonore résultant de tout procédé musical ; il développe ainsi une discrimination pointue et affine son écoute. Par exemple, au lieu de dire qu’un certain timbre « amène un trop grand changement », il devra plutôt le comparer avec d’autres timbres possibles et tenter de bâtir une gradation sur une “échelle des contrastes de timbre”. Il tentera ensuite de préciser quels éléments déterminent la force de l’effet et pourra même la nuancer en fonction du style de musique.